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Cote | Localisation | Statut |
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CO SAR | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0177054577 Identifiant: Pôle Langues-Littérature Identifiant: Magenta |
Auteur | Jean-Paul Sartre; Simone de Beauvoir [présentateur] |
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Titre | 2 : 1940-1963 / Jean-Paul Sartre ; Simone de Beauvoir. |
Editeur | Paris : Gallimard, 1983. |
Collection | Blanche |
Description | 366 p. ; 21 cm |
Langue | Français. |
Indice | CO |
Centre d'intérêts | Documentaire adulte |
Support | Livre |
Médias
Jean-Paul Charles Aymard Sartre (prononcer [ ʒã pol saχtχ]), né le dans le 16e arrondissement de Paris et mort le dans le 14e arrondissement, est un écrivain et philosophe français, représentant du courant existentialiste, dont l'œuvre et la personnalité ont marqué la vie intellectuelle et politique de la France de 1945 à la fin des années 1970.
Écrivain prolifique, fondateur et directeur de la revue Les Temps modernes (1945), il est connu aussi bien pour son œuvre philosophique et littéraire qu'en raison de ses engagements politiques[n 1], d'abord en liaison avec le Parti communiste, puis avec des courants gauchistes dans les années 1970.
Son œuvre comporte plusieurs essais et textes philosophiques ayant marqué leur époque, comme L'Être et le Néant (1943), le bref L'existentialisme est un humanisme (1946) ou la Critique de la raison dialectique (1960), mais surtout des textes littéraires contenant des messages philosophiques : nouvelles (Le Mur), romans (la Nausée, les Chemins de la liberté), pièces de théâtre (Les Mouches, Huis clos, La Putain respectueuse, Le Diable et le Bon Dieu, Les Séquestrés d'Altona). Il a publié des études biographiques sur plusieurs créateurs comme Le Tintoret, Mallarmé, Baudelaire, Faulkner ou Jean Genet, ainsi qu'une vaste étude sur Gustave Flaubert, L'Idiot de la famille (1971-1972). Un texte court, mais important est son étude autobiographique, Les Mots, qui évoque les onze premières années de sa vie.
Intransigeant et fidèle à ses idées, il a toujours rejeté tant les honneurs que toute forme de censure ; il a notamment refusé le prix Nobel de littérature en 1964 ; exception notable, il a cependant accepté le titre de docteur honoris causa de l'Université de Jérusalem en 1976. Il refusa de diriger une série d'émissions télévisées qu'on lui proposait en y mettant comme condition qu'il réalise une maquette préalable, expliquant : « Je n'ai plus l'âge de passer des examens ». Il contribua fortement à la création du journal Libération, allant jusqu'à le vendre lui-même dans les rues pour donner une publicité à son lancement.
Il a partagé sa vie avec Simone de Beauvoir, philosophe de l'existentialisme et féministe. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues, même si les deux auteurs se sont influencés mutuellement.
D'autres écrivains ont joué un rôle important à différentes étapes de sa vie : Paul Nizan et Raymond Aron, ses condisciples à l'École normale supérieure ; Maurice Merleau-Ponty et Albert Camus dans les années d'après-guerre.
Il a été profondément critiqué par Jankélévitch pour son attitude pendant l'Occupation.
« Je n’essaie pas de protéger ma vie après coup par ma philosophie, ce qui est bâtard, ni de conformer ma vie à ma philosophie, ce qui est pédantesque, mais vraiment, vie et philo ne font plus qu’un. » (Carnets de la drôle de guerre)
Jean-Paul Sartre laisse derrière lui une œuvre considérable, sous forme de romans, d'essais, de pièces de théâtre, d'écrits philosophiques ou de biographies. Sa philosophie a marqué l'après-guerre, et il reste, avec Albert Camus, un symbole de l'intellectuel engagé. De son engagement dans la résistance en 1941 (engagement mis en doute en raison de son attitude trouble durant l'Occupation[1]), jusqu'à sa mort, en 1980, Sartre n'a cessé de défrayer la chronique. Il fut en effet de tous les combats, pleinement et totalement engagé dans son époque, embrassant avec ferveur toutes les causes qui lui ont semblé justes. Sorte de Voltaire[2] du XXe siècle, Sartre aura milité inlassablement, jusqu'au bout de sa vie. Selon de nombreux commentateurs et pour Sartre lui-même, sa vie est séparée en deux par la Seconde Guerre mondiale. On distingue alors deux grandes périodes dans l'œuvre sartrienne : une approche philosophique théorique axée sur l'ontologie de L'Être et le néant (1943) ; puis une période plus pratique, où l'auteur cherche à appliquer sa méthode exposée dans la Critique de la raison dialectique (1960)[3]. Cette seconde période de son œuvre a fortement influencé les sociologues qualitativistes comme Erving Goffman.
Jean-Paul-Charles-Aymard Sartre naît le , au no 13 rue Mignard à Paris[4]. Fils unique, il provient d’une famille bourgeoise : son oncle est polytechnicien (?), son père Jean Baptiste Sartre (1874-1906), X 1895[5], est un militaire, enseigne de vaisseau, et sa mère descend d’une famille d’intellectuels et de professeurs alsaciens, les Schweitzer – sa mère est la cousine d'Albert Schweitzer[6]. Le petit Sartre ne connaîtra pas son père, qui meurt de la fièvre jaune quinze mois après sa naissance.
L’image du père est pourtant là : c’est son grand-père, Charles Schweitzer, homme à la personnalité imposante, qui l’éduque avant qu’il n'entre à l’école publique à dix ans. De 1907 à 1917, le petit « Poulou », comme on l’appelle, va donc vivre avec sa mère chez les parents de celle-ci. Il y passe dix années heureuses. Le petit Poulou va être adoré, choyé, félicité tous les jours, ce qui va sans doute construire chez lui un certain narcissisme. Dans la grande bibliothèque de la maison Schweitzer il découvre très tôt la littérature, et préfère lire plutôt que de fréquenter les autres enfants (enfance évoquée dans son autobiographie Les Mots).
Cette période se termine en 1917 : sa mère se remarie avec Joseph Mancy, ingénieur de la marine, que Sartre, alors âgé de 12 ans, ne finira jamais de haïr. Ils déménagent alors à La Rochelle, où il restera jusqu'à l'âge de 15 ans, trois années qui seront pour lui des années de calvaire : Sartre passe en effet du climat familial heureux à la réalité des lycéens qui lui paraissent violents et cruels.
Vers l’été 1920, malade, Jean-Paul Sartre est ramené d’urgence à Paris. Soucieuse de son éducation qui pourrait être « pervertie » par les mauvais garçons du lycée de La Rochelle sa mère décide que son fils restera à Paris.
À 13 ans, il est brièvement inscrit au lycée Montaigne (Paris)[7]. À 16 ans, Sartre revient au lycée Henri-IV où il avait été élève en sixième et cinquième. Il y retrouve Paul Nizan, lui aussi apprenti écrivain, avec qui il nouera une forte amitié, jusqu’à sa mort en 1940. Épaulé par cette amitié, Sartre commence à se construire une personnalité. Pour l’ensemble de la « classe d’élite » – « option » latin et grec – dans laquelle il étudie, Sartre devient le SO, c'est-à-dire le « satyre officiel » : il excelle en effet dans la facétie, la blague.
Sartre, toujours accompagné de Paul Nizan, prépare le concours d'entrée à l'École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand. Il y fait ses premières armes littéraires, en écrivant notamment deux petits contes, deux sinistres histoires de professeurs de province, dans lesquelles éclatent son ironie et son dégoût pour les vies conventionnelles. Dans le même temps Sartre reprend son rôle d’amuseur public avec Nizan, jouant blagues et petites scènes entre les cours. Deux ans après leur entrée à Louis-le-Grand, Sartre et Nizan sont tous deux reçus au concours de l'École normale supérieure de Paris (ENS).
Sartre se fait tout de suite remarquer dans ce que Nizan appelle « l’école prétendue normale et dite supérieure ». Sartre reste en effet le redoutable instigateur de toutes les plaisanteries, de tous les chahuts, allant jusqu’à provoquer un scandale en jouant avec ses amis un sketch antimilitariste dans la revue de l’ENS de 1927, après lequel Gustave Lanson, directeur de l'école, démissionnera. La même année, il signe avec ses condisciples, et à la suite d'Alain, Lucien Descaves, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains, Séverine…, la pétition (parue le 15 avril dans la revue Europe) contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d'opinion. Sartre a ainsi déjà un goût pour la provocation et le combat contre l’autorité. Il acquiert aussi une grande notoriété parmi ses professeurs et se fait ovationner dans chacune de ses arrivées au réfectoire. Si Sartre est volontiers un boute-en-train, c’est aussi un grand travailleur, dévorant plus de 300 livres par an, écrivant chansons, poèmes, nouvelles, romans à tour de bras. Sartre se lie d'amitié avec d'aucuns qui deviendront par la suite célèbres, comme Raymond Aron, Maurice Merleau-Ponty ou encore Henri Guillemin.
Pourtant, au cours de ces quatre années à l'École normale supérieure, Sartre ne paraît pas s’intéresser à la politique. Spontanément anarchisant, il ne va à aucune manifestation, ne s’enflamme pour aucune cause.
À la surprise de ses admirateurs, qui s'interrogent sur une possible erreur du jury, Sartre échoue en 1928 au concours d'agrégation de philosophie auquel Raymond Aron est classé premier (Sartre dira lui-même avoir fait preuve de trop d’originalité).
Préparant d'arrache-pied le concours pour la seconde fois, il rencontre dans son groupe de travail Simone de Beauvoir, présentée par un ami commun, René Maheu[8], qui la surnommait « castor », par référence à l'anglais beaver (qui signifie « castor » : d'une part, cet animal symbolise le travail et l’énergie, ou l'esprit constructeur de cet animal ; de l'autre la sonorité du mot beaver est proche de celle du nom « Beauvoir »). Ce surnom sera adopté par Sartre et elle deviendra sa compagne jusqu'à la fin de sa vie. Elle sera son « amour nécessaire » en opposition aux « amours contingents » qu’ils seront amenés à connaître tous deux. Sartre est reçu premier au concours d'agrégation à la seconde tentative, Simone de Beauvoir remportant la deuxième place.
En 1930, Raymond Aron lui conseille la lecture de Théorie de l’intuition dans la phénoménologie de Husserl, un ouvrage d’Emmanuel Lévinas[9]. Sartre se procure l’ouvrage. La découverte de Husserl est un choc : « le sentiment, soudain, que quelqu’un lui aurait coupé l’herbe sous le pied[10]». Sartre se dit : « Ah, mais il a déjà trouvé toutes mes idées[11]».
Après son service militaire, Sartre (il a alors 26 ans) demande à être nommé au Japon, pays qui l’a toujours intéressé. Rêve brisé, puisqu'il est envoyé au lycée du Havre, aujourd'hui lycée François-Ier, à compter de . C’est une épreuve pour Sartre, lui qui a tellement craint les vies rangées et qui a tellement critiqué dans ses écrits la vie ennuyeuse de professeur de province.
Sartre entre alors de plain-pied dans la vie réelle, le travail et la vie quotidienne. S’il choque quelque peu les parents et les professeurs par ses manières, comme arriver en classe sans cravate, il séduit cinq générations d’élèves, pour lesquels il est un excellent professeur, chaleureux et respectueux, et souvent un ami. De là naît sa complicité avec l’adolescence, un contact qu’il aimera toujours avoir tout au long de sa vie.
Il découvre Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline en 1932[12]. Une œuvre qui marquera durablement Sartre.
Il prend la succession de Raymond Aron à l’Institut Français de Berlin en 1933 et 1934, où il complète son initiation à la phénoménologie de Husserl. Il découvre l'ouvrage de Martin Heidegger, Sein und Zeit, (Être et Temps). Là encore, c’est un choc[13].
La gloire qu'il pensait obtenir depuis l'enfance, ces années au Havre la remettent en cause, puisque ses écrits sont refusés par les éditeurs. La notoriété arrivera avec son premier livre publié en 1938 chez Gallimard, La Nausée, roman philosophique (« phénoménologique ») et quelque peu autobiographique, marqué par l'influence de Céline, racontant les tourments existentiels d'Antoine Roquentin, célibataire de 35 ans et historien à ses heures. Il est entre temps muté à l'école normale d'instituteurs de Laon, en Picardie.
Deuxième bonne nouvelle : il est muté en au lycée Pasteur de Neuilly, où il fait la connaissance de Robert Merle[14]. Commence alors pour lui une brève phase de notoriété, avec La Nausée qui manquera de peu le prix Goncourt et la publication d'un recueil de nouvelles, Le Mur. Cette phase va être brusquement stoppée par la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il est mobilisé à Nancy.
Avant la guerre, Sartre n’a pas de conscience politique. Pacifiste, mais sans militer pour la paix, l’antimilitariste Sartre assume pourtant la guerre sans hésiter. L’expérience de la guerre et de la vie en communauté va le transformer du tout au tout. Pendant la drôle de guerre, il est engagé comme soldat météorologiste. Sa fonction lui laisse beaucoup de temps libre, qu'il utilise pour écrire énormément (en moyenne douze heures par jour pendant neuf mois, soit 2 000 pages, dont une petite partie sera publiée sous le titre de Carnets de la drôle de guerre). Il écrit d’abord pour éviter le contact avec ses compagnons de route, car il supporte en effet assez mal les relations sérieuses et hiérarchiques qui sont celles de l’armée[n 2].
La drôle de guerre prend fin en , et le faux conflit devient bien réel. Le 21 juin, Sartre est fait prisonnier à Padoux, dans les Vosges, et est transféré dans un camp de détention de 25 000 détenus en Allemagne. Son expérience de prisonnier le marque profondément : elle lui enseigne la solidarité avec les hommes. Loin de se sentir brimé, il participe avec enjouement à la vie communautaire : il raconte histoires et blagues à ses copains de chambrée, participe à des matchs de boxe, écrit et met en scène une pièce pour la veillée de Noël, Bariona, ou le Fils du tonnerre.
Cette vie dans le camp de prisonniers est importante, car elle est le tournant de sa vie : dorénavant, il n’est plus l’individualiste des années 1930, mais se fixe un devoir dans la communauté.
En , Sartre aurait été libéré grâce à un faux certificat médical, mais d'après les auteurs Gilles et Jean-Robert Ragache, il doit sa libération à l'intervention de Drieu la Rochelle : « À l’automne 40, Drieu avait noté dans son carnet une liste d’écrivains prisonniers — où figurait Sartre — suivie de la mention : Demander la libération des auteurs — contrepartie de mon action N.R.F. »[16]. Il faut noter cependant qu'aucune recherche n'a pu mettre en évidence une quelconque existence de ce mouvement (Le Catalogue des périodiques clandestins diffusés en France de 1939 à 1945, publié par la Bibliothèque nationale en 1954, n'en fait aucune mention) ou d'activité de résistance de Sartre durant cette période, ce que confirme le journaliste résistant Henri Noguères à l'historien Gilbert Joseph :