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Bien qu'il ait montré très tôt des dispositions pour le dessin (il obtient à quinze ans le Prix du dessin de la Ville de Paris), Benjamin Rabier doit interrompre ses études pour travailler. Il alterne différents métiers. Libéré de ses obligations militaires en octobre 1889, il entre au Bon Marché à Paris comme comptable. Grâce à l’appui de Caran d'Ache qu’il a rencontré l’année précédente, plusieurs revues françaises commencent à publier ses dessins dès 1889 (La Chronique Amusante, Gil Blas Illustré), mais aussi en Grande-Bretagne et aux États-Unis où il a plus de succès. Il est finalement publié régulièrement dans Le Rire et Le Pêle-Mêle (dont il fait les unes), ce qui lui permet de sortir ses premiers albums, notamment Tintin-Lutin, titre dont Hergé s’inspira quelques années plus tard[1].
Au début du XXe siècle, Benjamin Rabier s’impose comme un auteur à succès, comme en témoignent ses publications dans l'Assiette au Beurre ou le Chat Noir.
Parallèlement à ses travaux destinés aux adultes, il se lance dans le dessin pour enfants en intégrant dès 1903 l'équipe de La Jeunesse illustrée, premier illustré moderne pour les enfants français[2]. Il y livre jusqu'en 1919 des histoires courtes mettant en scène animaux ou enfants farceurs qui s'égaient dans la bonne humeur. Il y tient avec Georges Omry le rôle de dessinateur principal (le premier numéro spécial, celui de l'été 1903, lui est entièrement confié). C'est le seul dessinateur du journal à dévier du gaufrier strict des images d'Épinal, se permettant de jouer sur le format des vignettes ou de réduire les textes jusqu'à s'en passer. En 1907-1908, il publie un journal, Histoire comique et Naturelle des Animaux (1907-1908)[3]
Benjamin Rabier écrit aussi de nombreuses pièces de théâtre (comme Ma veuve s’amuse en collaboration avec José de Bérys). Malgré ces succès, il garde jusqu’en 1910 son travail aux Halles, ne prenant sa retraite qu'à cause du surmenage.
Il se lance, à partir de 1916, dans le dessin animé et s’occupe de publicité. Pour la cinémathèque Pathé-Baby, de 1922 à 1925, il crée de nombreux dessins animés ayant pour sujets certains de ses personnages d’illustrateur comme Gédéon.
Ses travaux lui valent de nombreux admirateurs, parmi lesquels Hergé, qui déclara : « J’ai été immédiatement conquis. Car ces dessins étaient très simples. Très simples, frais, robustes joyeux, et d’une lisibilité parfaite. En quelques traits bien charpentés tout était dit : le décor était indiqué, les acteurs en place ; la comédie pouvait commencer. » Le voyage que Rabier fait à moto jusqu’à Moscou inspira Hergé qui le prendra comme modèle de Tintin. Rabier avait de plus déjà créé quelques années auparavant un héros nommé « Tintin Lutin » et habillé en pantalon de golfeur[4].
Il est considéré comme un des plus grands dessinateurs animaliers européens[5]. L’univers de Benjamin Rabier est parsemé d’animaux. En 1906, Benjamin Rabier publie chez Jules Tallandier une édition entièrement illustrée des Fables de La Fontaine. Il illustra aussi le Roman de Renart et l’Histoire Naturelle de Buffon. En 1921, Léon Bel s’inspira d’un dessin de Benjamin Rabier comme logo de sa marque « La vache qui rit ». Cette vache décorait les camions de transport de viande fraîche pendant la Première Guerre mondiale et était surnommé la « Wachkyrie ». Mais son personnage de bande dessinée le plus célèbre reste Gédéon le canard, dont les histoires ont été publiées entre 1923 et 1939 en 16 albums. Il a aussi dessiné la célèbre baleine des Salins du Midi.
La ville napoléonienne de La Roche-sur-Yon où est né Benjamin Rabier possède dans son musée le plus important fonds public d'œuvres du célèbre dessinateur. Des expositions régulières permettent de montrer ces œuvres au grand public. En 2010, le musée s'est porté acquéreur de plusieurs œuvres de Benjamin Rabier dont le célèbre dessin représentant le singe Tolby fumant un cigare.
En 1923, il crée le célèbre canard Gédéon qui comptera en tout seize albums d’aventures de Gédéon, réédités dans les années 1990 par les éditions Hoëbeke ; une série animée a été réalisée en 1976.
Benjamin Rabier avec son ami et complice Émile Cohl a réalisé des films d’animation mettant en scène son héros Gédéon.
L'esprit des bêtes : Exposition sur Benjamin Rabier, Musée de l'image d'Epinal, 11 mai 2015 - 11 novembre 2015