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Tout commence par des disparitions, des déplacements d'objets. Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. Cet homme ordinaire rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n'a pas d'odeur, sauf celle de l'ordre et de la mesure. Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Car dans ce [...] monde contre lequel l'imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s'est produit. "Comme je l'apprendrais plus tard lorsqu'un inspecteur me rappellerait, les agents avaient trouvé porte close chez moi. Aucune fenêtre ouverte, ce qui les avait étonnés. Après avoir forcé la serrure, ils avaient été plus intrigués encore de ne mettre la main sur personne à l'intérieur. Or tout était bien fermé.
Croyant à une farce, ils avaient failli repartir tout de suite. L'auteur de cette plaisanterie l'aurait payé cher, monsieur Shimura, me ferait-il remarquer. Par acquit de conscience, toutefois, ils avaient fouillé chaque pièce. C'est dans la dernière, la chambre aux tatamis".
...Qu’est-ce qui définit une identité ? Des lieux ? Une langue ? Ou plutôt une époque, avec ses ciels de traîne et ses tonalités bien à elle ? Partant d’une tentative d’explication, Éric Faye nous emmène sous des latitudes boréales, du Groenland à la Sibérie, en Europe centrale et sur les lieux d’Hitchcock en Californie, quand ce n’est pas dans les rues d’Istanbul, à la poursuite somnambulique d’un « sultan rouge » déchu, celui-là même qui avait permis l’ouverture du mur de Berlin, dont il est aussi question [...] ici. De l’Allemagne à Nagasaki, de Hiroshima à Okinawa, le passé hypnotise celui qui passe, comme si l’identité, au fond, n’était rien d’autre qu’un peu de temps porté sur les épaules.
« Dans les temps qui avaient précédé notre rencontre, je m’étais représenté Sandrine Broussard d’une manière très subjective, sur la base de ce qu’on me racontait. À vrai dire, peu m’importait de savoir si j’étais près de la vérité ou non. Je faisais évoluer la jeune femme sur une orbite éloignée de Bonnie Parker, où elle gravitait comme un astre de faible brillance, et je l’imaginais de taille moyenne, blonde, mignonne, pareille à Faye Dunaway dans le film. Sandrine était la portion incongrue de mon univers, [...] différente de tout, rétive aux classements. »