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Cote | Localisation | Statut |
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R | Albums & Romans Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0812184577 |
Auteur | Ann Rand; Paul Rand |
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Titre | Toupie et Confettis : Un livre sur les mots / Ann Rand ; Paul Rand ; traduit de l'anglais par Fanny Ladd et Alice Cotin. |
Editeur | Paris : Seuil, 2007. |
Description | Non p. : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 26 cm |
Langue | Français. |
Langue d'origine | Anglais. |
Centre d'intérêts | Album |
Autres auteurs | Fanny Ladd [traducteur] Alice Cotin [traducteur] |
Support | Livre |
Médias
Ayn Rand (prononcé [ˈaɪn ˈrænd]), de son vrai nom Alissa Zinovievna Rosenbaum (en cyrillique russe : Алиса Зиновьевна Розенбаум), est une philosophe[1], scénariste et romancière[2] américaine d'origine russe, juive athée, née le à Saint-Pétersbourg et morte le à New York.
Ayn Rand est connue pour sa philosophie rationaliste, proche de celle du mouvement politique libertarien, à laquelle elle a donné le nom d'« objectivisme ». Elle a écrit de nombreux essais philosophiques sur des concepts tenant de la pensée libérale, comme la liberté, la justice sociale, la propriété ou l'État et dont le principal (et l'un des seuls de ses textes traduits en français, avec La Grève (Atlas Shrugged)), est La Vertu d'égoïsme (The Virtue of Selfishness en langue originale). Ses contributions principales s'inscrivent dans les domaines de l'éthique, de la philosophie politique et de l'épistémologie. Populaires hors du champ académique, ses idées et leurs supports (ses romans et essais) ne remportent pour autant pas un grand assentiment auprès des philosophes, sans doute rebutés par son style assez polémique et le ton parfois dogmatique de certains de ses soutiens[3].
Ayn Rand a également publié des œuvres de fiction telles que La Grève (Atlas Shrugged), La Source vive (The Fountainhead) et Nous, les vivants (We the Living), qui figurent parmi les plus vendues aux États-Unis. Elle a par ailleurs écrit de nombreux scénarios pour le cinéma, dont des adaptations de ses propres œuvres de fiction.
Ayn Rand est considérée comme la théoricienne d'un capitalisme individualiste ainsi que d'un libertarianisme refusant toute forme de coercition et prônant les valeurs de la raison, du mérite et de l'« égoïsme rationnel », son concept central. Figure de l'anti-communisme radical, Ayn Rand prône également l'indépendance et le « laissez-faire » face à toute forme de collectivisme ou de religion établis.
De nombreuses personnalités, comme le psychothérapeute Nathaniel Branden, les économistes Alan Greenspan et M. Northrup Buechner[4], le romancier Terry Goodkind, le président Ronald Reagan ou le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, se réclament de ses conceptions. Ayn Rand a aussi profondément nourri la vision libertarienne dite minarchiste, replaçant l'individu au centre de la société et de l'éthique.
Elle avait trouvé dans Ludwig von Mises, lui aussi émigré aux États-Unis, le grand théoricien contemporain du laissez-faire qui complétait sa compréhension de l'économie.
Selon Alain Laurent, un des spécialistes francophones de son œuvre, Ayn Rand représenterait l'incarnation de la « self-made woman immigrée », « car elle réussit cet exploit tout en professant un athéisme radical (...) et critiquant violemment l'altruisme au nom de l'« égoïsme rationnel » »[5]. Ayn Rand fut par ailleurs la cible de nombreuses critiques dont la principale s'attache à expliquer qu'en dépit d'une argumentation se voulant rationnelle, elle n'en maîtrisait pas toujours les raisonnements[6].
Alissa Zinovievna Rosenbaum naît à Saint-Pétersbourg le (le 20 janvier du calendrier julien) dans une famille juive agnostique de la classe moyenne, composée de trois enfants dont elle est l'aînée[7]. Son père, Zinovy Zacharovich Rosenbaum, pharmacien, est né à Brestlitovsk le 18 novembre 1869 alors que sa mère, Anna Borisovna Kaplan, est née à Saint-Pétersbourg le 15 octobre 1880[8].
Elle s'intéresse très jeune à la littérature et au cinéma, écrivant dès l'âge de 7 ans des romans ou des scénarios. À l'âge de 9 ans, elle décide de devenir écrivain. Elle lit notamment Walter Scott et Alexandre Dumas et s'enthousiasme pour le courant romantique. Elle lit avec passion le roman d'aventure La Vallée mystérieuse (1915) du romancier français Maurice Champagne. Son personnage principal, figure de l'homme héroïque et vertueux, marque l'imagination d'Alissa. Ce type de personnage se retrouve dans toute son œuvre et, en particulier, à travers le personnage principal d'Atlas Shrugged, John Galt[9]. Elle découvre à 13 ans celui qui devient son auteur favori et qu'elle considère comme le plus grand écrivain : Victor Hugo. Au collège, elle se montre brillante en mathématiques ; sa carrière universitaire semble alors toute tracée. En 1912, sa famille s'installe dans la Perspective Nevski, dans le quartier Znamenskaya. La jeune Alissa y assiste à sa première exposition, consacrée aux images de films, en 1913. Le cinéma la passionnera en effet toute sa vie.
La ville de Saint-Pétersbourg est depuis longtemps l'un des foyers des troubles révolutionnaires qui agitent la Russie tsariste. Rand soutient au début la révolution[Quand ?] menée par Kerensky mais l'arrivée au pouvoir des bolchéviques, en octobre 1917, puis la confiscation de la pharmacie de son père par le gouvernement révolutionnaire, contraignent sa famille à fuir la Russie pour l'Ukraine puis pour la Crimée. Les Rosenbaum s'installent à Yevpatoria jusqu'à ce que celle-ci soit envahie par les révolutionnaires en 1921[10]. À dater de ce jour Rand nourrit une haine tenace pour les communistes, sentiment qui traverse tous ses écrits. Elle brûle alors son journal intime, car elle a pris l'habitude d'y consigner des réflexions et des critiques sur les révolutionnaires.
Le , Alissa Rosenbaum est diplômée du lycée de Yevpatoria. L'année suivante, la famille Rosenbaum retourne à Petrograd[11]. Alissa, qui a alors 16 ans, entame des études d'histoire et de philosophie à l'université de Petrograd et y découvre les œuvres d'Edmond Rostand, de Friedrich von Schiller, d'Aristote et de Fiodor Dostoïevski. Ses études lui donnent accès, selon ses propres termes, à une « culture millénaire » à travers laquelle elle juge néfaste l'influence des idées communistes en Russie. Ces dernières années en Union des républiques socialistes soviétiques, où elle est obligée d'intégrer la propagande communiste, formeront la base de sa critique des systèmes collectivistes.
Le 13 octobre 1924, Alissa sort diplômée de l'université. Elle continue à écrire et entre à l'Institut d'État des Arts cinématographiques en 1924[12]. Elle y étudie l'histoire et la politique américaine et découvre aussi le cinéma nord-américain, dont les westerns, mais aussi toute la culture des États-Unis. Elle devient alors une admiratrice de la société américaine et de ses valeurs d'individualisme et d'optimisme. Comprenant qu'elle ne peut réaliser son rêve d'écrire des romans en Union des républiques socialistes soviétiques en raison de la censure communiste, elle se résigne à l'idée de quitter le pays pour les États-Unis[10]. En 1925, elle publie une brochure sur l'actrice de cinéma Pola Negri, à Moscou et à Léningrad, puis en 1926 un petit essai intitulé « Hollywood: American Movie City » à Moscou[13]. À la fin de l'année 1926, elle se voit accorder un visa pour rendre visite à des proches habitant aux États-Unis et ce pour une courte période, ce qui lui permet d'immigrer dans ce pays où elle s'installe pour le reste de sa vie.
Après s'être arrêtée dans plusieurs villes d'Europe de l'Ouest, dont le port du Havre en France, d'où elle prend un bateau, le De Grasse, Alissa Rosenbaum arrive à New York le 19 février 1926. Ses premières impressions devant les gratte-ciels la marquent profondément et inspirent les descriptions de son roman La Source vive. Elle rejoint ensuite Chicago, dans l'Illinois, où elle vit pendant 6 mois et apprend la langue anglaise. Elle commence également à mettre en forme ses idées de romans et de films et décide de devenir scénariste. Elle se voit accorder une extension de son visa par les autorités soviétiques. Alissa choisit alors de ne pas retourner en URSS et part pour Hollywood où elle devient scénariste sous la direction du réalisateur et producteur Cecil B. DeMille, qui s'intéresse à elle par hasard, alors qu'elle fait le pied de grue devant son studio[14]. Alissa lui explique qu'elle est passionnée de cinéma américain et qu'elle arrive de Russie. DeMille travaille alors sur le film The King of Kings et l'emploie comme figurante. La jeune femme y rencontre également l'acteur Frank O'Connor dont elle dira qu'il était son « visage idéal »[9]. Ils se marient le 15 avril 1929, et le resteront jusqu'à la mort d'O'Connor, en 1979.
Alissa Zinovievna Rosenbaum est naturalisée américaine le 13 mars 1931. C'est alors qu'elle change son nom en « Ayn Rand », en référence selon elle à la transcription en cyrillique du nom de sa famille. Une autre explication veut que ce serait en référence à la machine à écrire Remington Rand, mais celle-ci n'a été vendue qu'ultérieurement[15]. Elle se montre fière de sa nouvelle nationalité et déclare ainsi en 1974, dans un discours aux élèves de l'académie militaire de West Point : « Je peux dire — et il ne s'agit pas d'une banalité patriotique, mais avec une connaissance complète des racines métaphysiques, épistémologiques, morales, politiques et esthétiques nécessaires — que les États-Unis d'Amérique sont le pays plus grand, le plus noble et, dans ses principes, le seul moral de l'histoire du monde »[16].
Ayn Rand travaille très dur comme lectrice de scénario, pour DeMille, ayant à cœur de se faire une place dans le monde d'Hollywood[9]. Parallèlement, elle écrit afin de réaliser son rêve. Avant de vivre de sa plume, elle occupe divers emplois, notamment à la garde-robe de la RKO Radio Pictures[17] jusqu'en 1932, année où elle réussit à vendre le scénario de Red Pawn à Universal Studios. Son niveau de vie s'améliore alors considérablement, et Rand peut s'acheter une automobile, ce qui est pour elle à cette époque le signe d'une réussite sociale certaine qui contraste avec ses années en Union des républiques socialistes soviétiques[9]. Le producteur Josef von Sternberg pense à donner le premier rôle à l'actrice Marlene Dietrich mais le thème anti-soviétique étant encore mal considéré à cette époque, le projet échoue[18].
Elle écrit ensuite en 1934 les pièces de théâtre Ideal et Woman on Trial, cette dernière étant jouée à Hollywood le 22 octobre. La pièce Woman on Trial, qui retrace le parcours peu commun de l'industriel et autodidacte suédois Ivar Kreuger, est recomposée en 1935 puis produite sous le titre Night of January 16th qui est représentée d'abord à Hollywood puis à Broadway le 16 septembre. La pièce est originale : l'action consiste en un procès dont le jury, choisi parmi les spectateurs, pouvait déterminer la fin. Deux épilogues sont donc possibles, suivant la décision du jury populaire.
Le manuscrit de son roman Nous, les vivants (We the Living, partiellement inspiré par sa propre expérience) lui demande beaucoup de travail. L'ayant achevé en 1933, elle ne parvient cependant à le faire publier que le 18 avril 1936, après l'avoir fait parvenir à de nombreux éditeurs. Ce sont les éditions Macmillan pour les États-Unis et Cassell pour l'Angleterre qui l'ont accepté. Elle le considère comme la plus autobiographique de ses œuvres de fictions : en effet, le roman décrit la vie de son héroïne sous la domination communiste, sa confrontation avec la violence absurde du régime et sa fuite pour l'étranger. Cependant, Nous, les vivants ne reçoit pas un accueil enthousiaste de la critique américaine, en partie à cause du fait que, dans les années 1930, période nommée la « décennie rouge » (Red Decade), le communisme étant encore relativement bien considéré dans les milieux intellectuels et artistiques américains[10]. Néanmoins Rand considérait elle-même Nous, les vivants comme davantage qu'une simple autobiographie : « Ce n'est pas une autobiographie proprement dite, l'ouvrage a davantage un sens intellectuel. L'intrigue est inventée mais l'arrière-plan non »[19].
Dès 1935, Ayn Rand travaille sur son projet principal, la rédaction du roman La Source vive (The Fountainhead), à dimension plus philosophique.
En 1938, elle publie en Angleterre le roman dystopique Hymne (Anthem), qui décrit une société dans laquelle le collectivisme a triomphé. Hymne n'est accepté par aucun éditeur aux États-Unis alors que We the Living n'a pas non plus rencontré un grand succès. Stephen Cox, de l’Objectivist Center, considère que cela est dû à l’époque : « We the Living fut publié quand la popularité du socialisme russe était au plus haut parmi les faiseurs d'opinions américains » explique-t-il[20]. En 1939 Ayn Rand reçoit les dernières nouvelles de ses parents demeurés en URSS, elle a ainsi définitivement coupé toute relation avec son passé russe.
En 1940, Rand participe, avec son mari, à la campagne présidentielle américaine pour le candidat libéral Wendell Willkie dans sa section de la ville de New York. Cet activisme lui permet de rencontrer des intellectuels favorables au capitalisme de laissez-faire. Le journaliste du New York Times Henry Hazlitt et sa femme permettent à Rand et à son mari de rencontrer l'économiste autrichien Ludwig von Mises qui admire les travaux de Rand, en dépit de différences philosophiques[21].