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Au fil de ses publications, Pierre Bordage acquiert la notoriété et une reconnaissance parmi les meilleurs romanciers populaires français. Auteur d'une quarantaine d'ouvrages ainsi que de nouvelles, publiés chez différents éditeurs (notamment Au Diable Vauvert) et de différents genres (fantasy historique avec L'Enjomineur, science fantasy avec Les Fables de l'Humpur, polar, etc.), il a aussi conçu des novélisations et réalisé quelques scénarios pour le cinéma, pour ensuite s'essayer à l'adaptation théâtrale, ainsi qu'à celle de sa propre œuvre en bande dessinée.
Les ouvrages de Pierre Bordage ont une orientation humaniste, axée sur la découverte de la spiritualité, la lutte contre le fanatisme, ou encore le détournement du pouvoir politico-religieux au profit de quelques-uns. Bien qu'issu de la science-fiction, il travaille davantage sur ses personnages que sur la science et les technologies qu'il met en scène, et s'inspire des épopées et des mythologies du monde entier.
Pierre Bordage grandit dans une ferme familiale en Vendée, élevé par des parents et une famille profondément catholiques, dans un village très rural[1]. L'un de ses oncles est prêtre[2]. Il a très tôt le goût de l'écriture, mais le système scolaire et les cours de français tendent à l'en éloigner[3]. De plus, il vit des expériences mystiques, qu'il décrit comme telles : « j’entendais des élans à l’intérieur de moi et [je] ressentais une perception au-delà du monde »[4]. Il intègre de son propre chef le petit séminaire entre 1965 et 1967, ce qui lui permet de prendre connaissance de la Bible, d'apprendre le latin et de lire les textes mythologiques fondateurs de l'Antiquité[2]. Ses parents espèrent qu'il deviendra prêtre ou se consacrera d'une autre façon à la religion[5]. Toutefois, Pierre Bordage, qui se dit « trop mystique pour ce genre d'enseignement »[6], affirme que les prêtres s'évertuent à contrarier ses « élans qui échappent à leur contrôle ». Pour combler son ennui pendant les messes du matin, il imagine des histoires. À l'adolescence, il s'éloigne définitivement de la religion qu'il a vécue comme un endoctrinement[5],[7],[8].
Le sport est une autre passion de jeunesse, puisqu'il pratique le karaté pendant neuf ans et le basket plusieurs années durant[9],[10], jusqu'au niveau nationale 3[11] à la Vendéenne de La Roche-sur-Yon (il mesure 1,86 m)[12], avant de suivre des cours de banjo et de guitare sous la houlette de Patrick Couton[13]. Il obtient le baccalauréat en 1973[2], puis s'inscrit en lettres modernes à l'université de Nantes[9],[14], diplôme qu'il dit lui être de peu d'utilité[8]. Il y rencontre sa future épouse, mais n'obtient pas sa maîtrise de lettres au terme de sa scolarité[13].
Il fait de nombreux voyages, surtout en Asie et particulièrement en Inde où il séjourne trois mois avec sa compagne en 1975, dans un esprit de découverte spirituelle[13]. Ce pays le marque pour sa spiritualité « quasi palpable »[5], le « transforme » pour son côté initiatique et lui permet de retrouver les élans de son enfance[16]. L'expérience le conforte dans son rejet des valeurs occidentales à l'époque[6]. De ce fait, il commence à s'intéresser à la philosophie orientale et au tao, et lit les écrits de penseurs comme Jiddu Krishnamurti pour comprendre la spiritualité non religieuse[7]. Cette fascination pour la dimension spirituelle de l'Inde se ressent dans la plupart de ses écrits[8]. En 1976, il entame un premier roman mais ne parvient pas à le faire publier, et s'éloigne à nouveau de l'écriture romanesque jusqu'à l'âge de 30 ans[3].
Il pratique alors différents métiers, commençant par tenir une librairie ésotérique rue d'Alésia à Paris, de 1981 à 1984. Françoise Hardy est, entre autres, l'une de ses clientes fidèles. Il part en 1985 dans un village reculé du Gers afin de mettre en pratique ce qu'il a appris de ses recherches spirituelles[13]. Ayant du temps et des économies devant lui, il écrit les deux mille pages du roman Les Guerriers du silence en six mois, à la main et sur un grand cahier d'écolier[17]. Il vend des brioches fabriquées avec sa femme sur les marchés de la région afin de gagner un peu d'argent[13]. Son expérience d'écriture, qu'il qualifie de « jaillissement » et dont il n'a jamais connu l'intensité une seconde fois[18], ne débouche pas sur une édition immédiate puisque le milieu de la SF française est sinistré, ce que Pierre Bordage ignore à l'époque[3]. De ce fait, il ne reçoit que des lettres de refus des différentes maisons d'édition[19].
Revenu de sa période d'ascétisme, il devient vendeur, puis commercial pour un grossiste en jouets[20],[1],[8]. Il devient ensuite journaliste sportif à la suite d'un concours de circonstances, et déménage à Paris où il rencontre en 1992 son premier éditeur, Vaugirard, qui lui propose d'écrire le cycle de Rohel le conquérant[20], série de 14 tomes « lui permettant de se structurer en tant qu'écrivain »[14] et d'apprendre la discipline nécessaire pour écrire un grand nombre de pages rapidement[5].
En 1993, il découvre chez un petit éditeur nantais, l'Atalante, un ouvrage de l'écrivain américain Orson Scott Card traduit par son ancien professeur de banjo, Patrick Couton[1]. Il propose alors Les Guerriers du silence à Pierre Michaut, directeur de la maison d'édition qui, considéré comme « le découvreur de Pierre Bordage », accepte de le publier en trois volumes et en grand format[21]. Le premier tome est un succès inattendu et immédiat qui se vend à 50 000 exemplaires[12], chiffre de vente rarement atteint en science-fiction francophone[1]. Il reçoit le grand prix de l'Imaginaire et le Prix Julia-Verlanger[22]. Ce cycle introduit de la densité et une dimension psychologique particulière au sein du genre du space opera[23]. L'Atalante publie les deux autres tomes de la trilogie, et le dernier, La Citadelle Hyponéros, récompensé du Prix Cosmos 2000, est considéré comme « l'un des chefs-d'œuvre de la science-fiction française » par Le Figaro[24]. En 1996, Pierre Bordage déménage en Dordogne avec sa femme et ses enfants, la région inspirant le pays de la « Dorgne » de son roman Les Fables de l'Humpur[19].
Le premier volume d'Abzalon suit et en 1998, le cycle de Wang permet à Pierre Bordage de « définitivement faire son entrée dans la cour des grands »[25] et de remporter l'éphémère Prix de la Tour Eiffel.
En 2001, il devient aussi le président du festival nantais des Utopiales, et entame une nouvelle collaboration éditoriale avec les éditions du Diable Vauvert[26]. La trilogie des Prophéties, composée des trois thrillersL'Évangile du serpent (2001, récompensé du prix Bob-Morane), L'Ange de l'abîme (2004) et Les Chemins de Damas (2005), parait chez le Diable Vauvert, son éditeur principal avec L'Atalante. Il publie ses ouvrages ayant l'imaginaire (space opera, fantasy…) pour thème chez L'Atalante. Le Diable Vauvert édite ses romans contemporains (polar, thriller…)[8],[27].
En 2003, il réalise la novélisation du film d'animation Kaena, la prophétie et s'essaie pour la première fois à l'écriture jeunesse[28]. De 2004 à 2006, il publie L'Enjomineur chez L'Atalante, saga de fantasy historique dont les trois tomes, fortement documentés pendant quatre mois[18], connaissent un franc succès critique[29]. Son polar d'anticipation Porteurs d'âmes, paru en 2007, est récompensé du prix des lecteurs du Livre de Poche deux ans plus tard[30]. La Fraternité du Panca, cycle de space opera en cinq volumes reprenant un scénario et une thématique typiques de ses écrits, est en cours de parution depuis 2007[31]. Le Feu de Dieu, un roman apocalyptique, parait en 2009.