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Cote | Localisation | Statut |
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R WIL | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0603454577 |
Auteur | Oscar Wilde [auteur] |
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Titre | Le Fantôme de Canterville et autres contes / Oscar Wilde ; traduit de l'anglais par Jules Castier ; sous la resp. de Jean-Luc Steinmetz ; illustré par Maurice Henry. |
Editeur | Paris : Librairie générale française, 1988. |
Collection | Le Livre de poche ; 4283 |
Description | 180 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 17 cm |
Langue | Français. |
Langue d'origine | Anglais. |
Autres auteurs | Jules Castier [traducteur] Jean-Luc Steinmetz [éditeur scientifique] |
Support | Livre |
Un ministre américain et sa famille achètent à Lord Canterville son château et tout ce qu'il contient... fantôme compris. Mais la famille Otis n'a vraiment pas peur des fantômes. Alors, lorsqu'un spectre qui a l'habitude de terroriser tout le monde se trouve confronté à deux jumeaux qui ne pensent qu'à lui jouer de mauvais tours, il est plus que déconcerté. Humour anglais au programme ! Oscar Wilde s'en donne à coeur joie en décrivant les malheurs d'un spectre qui ne sait que faire pour effrayer une famille qui lui offre de [...] l'huile pour lubrifier ses chaînes : le bruit empêche tout le monde de dormir ! Dans le registre du rire grinçant, le deuxième conte, "Le Crime de Lord Arthur Savile", narre les mésaventures d'un homme à qui l'on a prédit, en lisant dans les lignes de sa main, qu'il allait commettre un crime. Du coup, il se sent obligé de tuer quelqu'un, pour se délivrer de cette malédiction. Et l'on termine avec une courte histoire mettant en scène un millionnaire modèle. Ces trois contes très drôles, écrits à la fin du XIXe siècle, comportent donc quelques expressions ou références obscures pour le lecteur d'aujourd'hui, qui sont expliquées en fin d'ouvrage.
Nouvelle approche. Vol. n°4283
Médias
Oscar Wilde, dont le nom complet est Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais, né à Dublin le et mort à Paris le .
Né dans la bourgeoisie irlandaise et protestante de Dublin, d’un père chirurgien renommé et d’une mère poétesse, Oscar Wilde se distingue par un parcours scolaire brillant. Nourri de culture classique, couronné de prix au sein du Trinity College de Dublin, il intègre le Magdalene College de l'université d'Oxford, où il se construit un personnage d’esthète et de dandy, sous l’influence des préraphaélites et des théories de L'art pour l'art de Walter Pater, John Ruskin ou Whistler. À l’issue de ses études, Wilde s’installe à Londres, où il parvient à s'insérer dans la bonne société et les cercles cultivés, s’illustrant dans plusieurs genres littéraires.
S’il publie, conformément aux exigences de l’esthétisme le plus pur, un volume de poésie, il ne néglige pas des activités moins considérées des cercles littéraires, mais plus lucratives : ainsi, il se fait le porte-parole de la nouvelle « Renaissance anglaise dans les arts » dans une série de conférences aux États-Unis et au Canada, puis exerce une prolifique activité de journaliste. Au tournant des années 1890, il précise sa théorie esthétique dans une série de dialogues et d’essais, et explore dans son roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) les liens entretenus par la beauté, la décadence et la duplicité. Sa pièce Salomé (1891), rédigée en français à Paris l’année suivante, ne peut être jouée en Angleterre, faute d’avoir obtenu la licence d’autorisation, au motif qu’elle met en scène des personnages bibliques. Confronté une première fois aux rigueurs de la morale victorienne, Wilde enchaîne cependant avec quatre comédies de mœurs, qui font de lui l’un des dramaturges les plus en vue de Londres. Indissociables de son talent littéraire, sa personnalité hors du commun, le mordant de son esprit, le brillant de sa conversation et de ses costumes assuraient sa renommée.
Au faîte de sa gloire, alors que sa pièce maîtresse L'Importance d'être Constant (1895) triomphe à Londres, Oscar Wilde poursuit le père de son amant Alfred Douglas pour diffamation, après que celui-ci a entrepris de faire scandale de son homosexualité. Après une série de trois procès retentissants, Wilde est condamné pour « grave immoralité » à deux ans de travaux forcés. Ruiné par ses différents procès, condamné à la banqueroute, il écrit en prison De Profundis, une longue lettre adressée à son amant dont la noirceur forme un contraste saisissant avec sa première philosophie du plaisir. Dès sa libération en mai 1897, il quitte définitivement la Grande-Bretagne pour la France. C’est dans ce pays d’accueil qu’il met un point final à son œuvre avec La Ballade de la geôle de Reading (1898), un long poème commémorant l’expérience éprouvante de la vie en prison. Il meurt à Paris en 1900, dans le dénuement, à l'âge de quarante-six ans.
Oscar Wilde naît au 21 Westland Row à Dublin (aujourd'hui le siège de l'Oscar Wilde Centre (en), Trinity College). Il est le second des trois enfants de Sir William Wilde (en) et de Jane Francesca Elgee, de deux ans le cadet de son frère aîné William. À en croire Vyvyan Holland, fils cadet d'Oscar, le patronyme de Wilde est d'origine hollandaise, l'ancêtre le plus lointain dont on retrouva la trace étant un certain colonel De Wilde qui se serait enrôlé dans l'armée du roi Guillaume III au XVIIe siècle[1].
Sa mère ne se départit jamais sa vie durant de son soutien à la cause nationaliste irlandaise, bien qu'elle restât fidèle à la tradition anglicane de ses grands-pères, tous deux pasteurs[2]. Elle s'enorgueillissait tout particulièrement de ses poésies nationalistes, dont elle avait commencé la composition en 1845, après la mort du journaliste et poète Thomas Davis (en), l'une des figures de proue des Jeunes Irlandais. Publiées sous le pseudonyme de Speranza dans le journal The Nation, l'organe de presse du mouvement cofondé par Davis, ces poésies jouissaient d'une certaine estime dans le milieu littéraire irlandais. W. B. Yeats lui-même ne manquait pas d'en faire l'éloge[3].
Les poèmes des Young Irelanders, que leur mère leur lit régulièrement, font, dès le plus jeune âge, partie intégrante de l'univers culturel dans lequel baignent les deux frères Oscar et Willie Wilde. Les peintures et les bustes antiques, qui ornent la maison familiale, témoignent, quant à eux, de l'engouement maternel pour la mode néo-classique de l'époque[4]. L'influence de Jane Wilde sur Oscar ne se limite pas au cadre culturel dans lequel grandit son fils : elle ne cesse, dès qu'elle a perçu chez lui les prémices d'une vocation littéraire, de l'encourager et de la nourrir[5].
William Wilde est un médecin oculiste éminent (il soigne notamment la reine Victoria elle-même, Napoléon III ou le roi de Suède Oscar II qui tient à le remercier en devenant le parrain d'Oscar Wilde, d'où le prénom original donné à celui-ci[6]). William Wilde anobli, devient «chevalier» en 1864 pour les services rendus comme conseiller médical et commissaire adjoint au recensement de l'Irlande[7]. Il verse par ailleurs dans l'érudition locale et écrit plusieurs ouvrages traitant de l'archéologie et du folklore irlandais. Philanthrope reconnu, il ouvre un dispensaire à l'intention des pauvres de Dublin qui préfigure le Dublin Eye and Ear Hospital, situé de nos jours à Adelaide Road[7].
En 1855, la famille Wilde emménage au 1 Merrion Square, où leur fille Isola voit le jour deux ans plus tard. La nouvelle résidence, à la hauteur de la notoriété grandissante du couple, lui permet de tenir un salon pour recevoir l'élite culturelle et médicale de la ville. Ces réunions des samedis après-midis réunissent parfois jusqu'à cent invités[8], et comptent parmi leurs habitués des noms tels que Sheridan Le Fanu, Charles Lever, George Petrie, Isaac Butt, William Rowan Hamilton et Samuel Ferguson (en)[4].
Sa mère Jane Francesca Elgee aurait préféré une fille à la naissance d'Oscar, elle l'élève comme tel jusqu'à l'âge de sept ans : toute sa vie Oscar Wilde restera dans sa tête ce jeune garçon ambigu, transformé par sa mère en petite idole hindoue[9]. Jusqu'à l'âge de neuf ans, Oscar Wilde est éduqué à domicile, sous la garde d'une bonne française et d'une gouvernante allemande[10]. Il fréquente ensuite la Portora Royal School (en) à Enniskillen, dans le comté de Fermanagh, établissement qui se targuait d'être l'« Eton irlandais »[11]. Pendant son adolescence, il passe l'essentiel de ses étés dans la villa familiale de Moytora, dans le comté de Mayo[12] où il fréquente avec son frère le futur écrivain George Moore. Sa jeune sœur Isola meurt à 11 ans d'une méningite. Wilde lui a dédié le poème Requiescat.
Wilde quitte Portora avec une bourse royale pour le prestigieux Trinity College de Dublin qu'il fréquente de 1871 à 1874[13], en compagnie de son frère, dont il partage la chambre. Il reçoit l'enseignement de R.Y. Tyrell, Arthur Palmer, Edward Dowden et surtout de son tuteur, le révérend J.P. Mahaffy (en), vieil érudit qui éveille son intérêt pour la culture grecque antique et la passion des questions nobiliaires. Malgré des réserves tardives, Wilde tiendra encore, en 1893, Mahaffy pour son « premier et meilleur maître », celui qui « [lui] apprit à aimer les œuvres grecques »[14]. De son côté Mahaffy se vantera dans un premier temps d'avoir créé Wilde, puis dans un second temps, après les revers de fortune de son élève, déplorera qu'il soit « la seule tache de [son] tutorat »[15]. Les deux hommes entretiennent, à l'époque, une relation suffisamment étroite pour que Mahaffy juge de citer nommément son élève en exergue de son ouvrage Social Life in Greece from Homer to Menander[16].
Cette découverte de l'hellénisme va, pour Wilde, de pair avec un approfondissement de ses conceptions esthétiques, qui commencent à se préciser. Outre les enseignements de Mahaffy, il subit pendant cette période l'influence des poètes et des peintres préraphaélites, en premier lieu de Dante Gabriel Rossetti et d'Algernon Swinburne, qui oriente ses lectures vers Baudelaire puis Walt Whitman. Sous l'effet de ces théories esthétiques, inséparables d'une conception plus générale et assez exigeante des rapports entre l'art et la vie, il commence à modeler le personnage d'esthète qui devait faire sa réputation[17].
Wilde devient également un membre actif de l'University Philosophical Society (en), une société de débats qui publie une feuille de chou[18]. Remarqué pour ses activités parascolaires, il brille également sur le terrain plus proprement académique : premier de sa classe lors de sa première année, récipiendaire d'une bourse par concours la seconde, il remporte finalement la médaille d'or de Berkeley, la récompense suprême en grec de l'université, pour clore son cursus[19]. Il était dans la logique du système universitaire britannique qu'un élève aussi brillant intégrât l'une des prestigieuses universités anglaises. Encouragé par Mahaffy, il postule pour une bourse spéciale du Magdalene College de l'université d'Oxford, qu'il remporte aisément[20].
Pendant sa scolarité à Oxford, Wilde gagna rapidement une certaine renommée parmi ses condisciples pour son esthétisme affiché et son rôle dans le mouvement décadent. Il portait les cheveux longs, méprisant ouvertement les sports virils, qui jouaient un rôle central dans la vie sociale des étudiants d'Oxford, bien qu'il pratiquât occasionnellement la boxe[21]. Dans sa chambre, les plumes de paon, les fleurs de lys ou de tournesol côtoyaient des porcelaines de Chine bleues, des photographies du pape et des gravures de peintres préraphaélites. Il confia un jour à des amis qu'il lui était « chaque jour plus difficile de se montrer digne de [sa] porcelaine bleue »[22] ; la phrase fit rapidement le tour du campus, reprise comme un slogan par les esthètes et utilisés contre eux par ceux qui l'érigeaient en symbole de leur vacuité[22]. L'hostilité de certains étudiants contre ces excentriques qui se distinguaient par leurs poses languides et leurs costumes tape-à-l'œil pouvait parfois tourner à la provocation physique. Attaqué par un groupe de quatre jeunes gens, Wilde désarçonna un jour tous ces critiques en répondant seul du tac au tac à l'aide de ses poings[23].
Dès sa troisième année à Oxford, il avait définitivement posé les bases de son personnage de dandy et assis sa notoriété, qui reposait pour partie sur la distance désinvolte qu'il adoptait avec l'imposante institution qu'était l'université d'Oxford. Il fut ainsi exclu provisoirement, après avoir manqué le début des cours à l'issue d'un voyage en Grèce en compagnie du Professeur Mahaffy[24].
Plusieurs professeurs d'Oxford exercèrent une influence décisive sur sa trajectoire. Si Wilde ne fit pas la connaissance de Walter Pater avant sa troisième année, il avait été enthousiasmé par la lecture de ses Studies in the History of the Renaissance, publiées alors qu'il était encore étudiant à Trinity[25]. Pater considérait que la sensibilité esthétique de l'homme devait être cultivée avant toute chose, et accordait une attention toute particulière à l'expérience, dont la « splendeur » et la « terrible brièveté » exigeaient qu'elle mobilise la concentration de « tout notre être »[26]. Des années plus tard, dans De Profundis, Wilde reconnut « l'influence si étrange » que l'ouvrage de Pater avait eue sur sa vie[27]. Il en connaissait des extraits par cœur et l'emporta avec lui en voyage jusque dans ses dernières années. Si Pater donna à Wilde son sens du dévouement à l'art, on peut créditer John Ruskin d'avoir donné un but à cet investissement esthétique[28].
La fin de son cycle oxonien fut couronnée de succès. Il sortit diplômé du Magdalene College en ayant obtenu les mentions les plus hautes (first class honours) dans ses deux matières principales après avoir remporté le prix de poésie de l'université d'Oxford, le Newdigate Prize (en), exercice de style dont le thème imposé était cette année-là Ravenne. La ville ne lui était pas inconnue puisqu'il l'avait visitée l'année précédente. Ce prix assez prestigieux, doté de la somme confortable de 21 livres, donnait le droit à son récipiendaire de lire son poème lors de la cérémonie annuelle, mais lui assurait surtout une petite notoriété dans le monde des lettres[29].
Son diplôme en poche, Wilde retourna à Dublin où il rencontra Florence Balcombe (en), dont il s'amouracha, mais la jeune femme se fiança à l'écrivain Bram Stoker qu'elle épousa en 1878[30]. Peu après avoir appris ses fiançailles, Wilde lui annonça son intention de « retourner en Angleterre, probablement pour de bon ». Incertain de la marche à suivre pour lancer sa carrière, il s'enquit d'abord auprès de plusieurs connaissances de positions libres à Oxbridge[31]. Puis, profitant de la part d'héritage qu'il avait reçu de son père, il s'installa peu après, comme pensionnaire du peintre Frank Miles, d'abord près du Strand, puis à partir de 1880 au 1, Tite Street dans le quartier de Chelsea[32]. La capitale paraissait être la rampe de lancement idéale pour un apprenti artiste ambitieux. Wilde put y profiter des relations dont Miles bénéficiait déjà dans le monde du théâtre londonien. Il devint proche des comédiennes Lillie Langtry, Ellen Terry, avant de devenir un intime de Sarah Bernhardt[33].
Bien qu'il se destinât avant tout à une carrière de critique d'art, ce fut par le biais de la poésie qu'il parvint à se faire un nom dans le monde littéraire de la capitale britannique. Dès son entrée à Trinity College, Wilde avait publié de la poésie dans de petites revues telles que Kottabos et le Dublin University Magazine (en). Inspiré par ses voyages en Grèce et en Italie, il n'avait depuis jamais cessé d'écrire, publiant occasionnellement dans des magazines. En 1881, un recueil titré Poems, publié « quasiment à compte d'auteur »[34], réunit ses premières compositions et des œuvres jusqu'alors inédites[35]. Il reçoit un bon accueil et l'écoulement rapide des 750 premiers exemplaires rend nécessaire une nouvelle édition l'année suivante.
Bien qu'il n'eût alors que peu produit, Wilde profita pleinement de la notoriété de son cercle d'amis pour faire valoir ses qualités mondaines ; il était déjà une figure suffisamment célèbre pour que son style hors norme fît l'objet de caricatures dans la presse. Cette notoriété prit une nouvelle ampleur en 1881 lorsque Gilbert et Sullivan, deux compositeurs en vogue, s'inspirèrent directement de Wilde pour l'un des personnages de leur nouvel opéra intitulé Patience[36]. Lorsque la pièce fut produite aux États-Unis, on lui proposa une série de conférences visant à familiariser le public américain aux ressorts de l'esthétisme britannique. Wilde arriva aux États-Unis le 3 janvier 1882, précédé d'une réputation d'homme d'esprit. Il s'empressa de confirmer cette réputation devant la foule venue l'accueillir dès sa descente de bateau en répondant à un douanier qu'il n'avait rien d'autre à déclarer que son génie[37].