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Cote | Localisation | Statut |
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BD BRE | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0090244577 |
Auteur | Claire Bretécher |
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Titre | 1 : Agrippine / Claire Bretécher. |
Editeur | [S.L] : Bretécher, 1988. |
Description | 50 p. : ill. en coul. ; 30 cm |
Langue | Français. |
Centre d'intérêts | Bande dessinée adulte |
Support | Livre |
Agrippine est une adolescente des années quatre-vingt-dix. Cynique, teigneuse, cossarde, désabusée, peste, mais touchante à force de se chercher - en vain - une identité. Elle traîne son mal de vivre avec ses copines de classe, houspille son petit frère et drague au coup par coup des garçons qui ont du mal à la suivre. Agrippine use allègrement d'un langage aussi mystérieux qu'hilarant : "Pourquoi les gnolguis xéroxent tout leur comporte sur des gourous baveux, ça persécute à force", susurre-t-elle à sa meilleure amie, plongée [...] dans un abîme de perplexité. Pleine d'humour et de tendresse cachée, Agrippine tend un miroir gentiment déformant aux adolescentes et aux adolescents de sa génération. Bretécher retrouve la verve et la vivacité qu'elle exprimait dans sa série Les Frustrés, pour décrire les états d'âme d'une jeune femme représentative de son temps. L'humour acidulé et caustique présent tout au long des albums aidera le lecteur à passer un bon moment, en réfléchissant aux travers de notre époque. --Jean-François Courtille
Médias
Claire Bretécher (prononciation : [brəteʃe]), née le [1] à Nantes, est une auteure de bande dessinée humoristique et illustratrice française.
Après avoir collaboré aux principaux titres de la presse jeunesse franco-belge dans les années 1960 (Record, Tintin et Spirou), Bretécher participe à l'émergence de la bande dessinée adulte francophone en rejoignant Pilote en 1969 puis en co-fondant L'Écho des savanes en 1972. De 1973 à 1981, elle publie dans l'hebdomadaire d'information généraliste Le Nouvel Observateur une série moquant les comportements de la gauche bourgeoise bien-pensante, Les Frustrés, première série francophone à succès basée sur la critique sociale. Ensuite, tout en travaillant ponctuellement pour la presse, elle continue à se faire la sociologue des classes moyennes supérieures urbaines se voulant de gauche en consacrant des albums à la maternité, à la médecine, au tourisme, puis à l'adolescence avec sa deuxième œuvre phare, la série Agrippine (1988-2009).
Seule femme à avoir collaboré aux principaux périodiques francos-belges classiques, Claire Bretécher jouit d'une notoriété assez importante dès le début des années 1970, qui va s'accroissant tout au long de sa décennie grâce à sa collaboration au Nouvel Observateur. Régulièrement invitée dans les médias, cet « auteure essentielle de la bande dessinée francophone[2] » a reçu plusieurs prix importants, dont en 1982 un Grand Prix d'Angoulême spécial, le premier remis par les anciens lauréats du prix et non par un jury. En 2015, elle a fait l'objet d'une exposition rétrospective à la Bibliothèque publique d'information du Centre Beaubourg, à Paris.
Parallèlement à ses bandes dessinées, Bretécher a beaucoup travaillé pour la publicité et a réalisé une œuvre peinte qui a fait l'objet de plusieurs recueils. C'est par ailleurs une pionnière de l'auto-édition d'albums de bande dessinée, qu'elle pratique de 1975 au milieu des années 2000. Les Frustrés (en 1975) et Agrippine (en 2001) ont été adaptés en dessin animé.
Claire Bretécher naît en à Nantes dans une famille catholique bourgeoise, d'un père juriste et d'une mère femme au foyer[3]. Elle commence très tôt à dessiner et suit des cours aux Beaux-Arts de Nantes durant son adolescence. Désireuse de quitter une ville qu'elle n'aime pas et un père violent, elle part s'installer à Paris à 19 ans[4]. Elle s'établit rue Gabrielle, dans le quartier de Montmartre, alors mal famé[5]. Dès son arrivée, elle tente de placer ses dessins dans diverses rédactions, tout en gagnant sa vie en gardant des enfants[6]. En 1960, elle enseigne également le dessin en lycée durant neuf mois[7], mais cette expérience n'est pas concluante[8]. Après avoir réussi à placer quelques dessins dans Le Pèlerin, elle commence à collaborer avec les éditions Bayard qui publient ses illustrations dans plusieurs de leurs magazines[7]. Dans la deuxième moitié des année 1960, elle travaille également pour Larousse, Hachette et pour la publicité[9].
Bretécher débute dans la bande dessinée en illustrant une histoire de René Goscinny, Facteur Rhésus, publiée en 1963 dans L'Os à Moelle, que Pierre Dac venait de relancer[9]. Bretécher éprouve de grandes difficultés à répondre aux attentes de Goscinny et la série est arrêtée après quelques mois[9]. En 1964, elle commence à collaborer au magazine Record et y publie plusieurs illustrations ou histoires courtes. De 1965 à 1967, elle travaille aussi pour l’hebdomadaire Tintin où elle crée Hector, personnage humoristique, qui apparaît dans plusieurs bandes. En 1967, après l'acception par le rédacteur-en-chef Yvan Delporte de son histoire « Des navets dans le cosmos »[9], elle commence à travailler pour le journal Spirou où est publié à partir de décembre Les Gnangnan une série humoristique mettant en scène des bébés aux dialogues très matures. En 1968, elle crée dans Record Baratine et Molgaga. La même année elle dessine dans Spirou la série Les Naufragés, sur des textes de Raoul Cauvin, puis Robin des Foies, histoire pourtant plus ancienne que les deux séries précédentes[9].
À partir de 1969, elle participe au journal Pilote où elle crée le personnage de Cellulite et se met à déployer un « humour plus adulte[7] ». Dans ce même journal, elle doit comme la plupart des auteurs non établis réaliser des « actualités », ce qu'elle n'apprécie pas jusqu'à ce que Goscinny la laisse leur injecter l'aspect satirique qu'elle désirait y mettre[10] ; ces actualités deviennent alors une série de gags en une planche intitulée Salades de saison[7]. Elle publie également de nombreuses histoires courtes qu'elle scénarise presque toujours[11], et entre avril et juillet 1970 Tulipe et Minibus, récit de 28 pages qu'Hubuc, mourant, n'avait plus la force de dessiner[10]. Seule femme de la rédaction, elle y apprécie cependant l'atmosphère[6]. En 1972, elle retrouve Yvan Delporte avec lequel elle crée le personnage d'Alfred de Wees (Alfred l'orphelin) pour le magazine néerlandais Pep, qui publie la série durant un an[8].
Au dernier trimestre 1972, tout en continuant à travailler pour Pilote, Bretécher participe également à la création avec Gotlib et Mandryka de L'Écho des savanes, à la demande de ce dernier[10]. Bien que Goscinny ne lui refusait jamais d'histoire dans Pilote, elle apprécie de pouvoir traiter dans L'Écho n'importe quel sujet[10]. Cette première expérience dans la presse pour adultes est suivie d'une collaboration au nouveau mensuel écologique Le Sauvage, qui publie dès son premier numéro en mai 1973 Le Bolot occidental[12], sa première incursion dans la presse généraliste[2].
Elle est ensuite engagée par l'hebdomadaire le Nouvel Observateur, qui publie dans chaque numéro à partir de son numéro du une planche dans la rubrique sociétale « Notre époque », rapidement nommée « La Page des Frustrés »[12]. Dans la lignée des Salades de saison[7], elle y critique une certaine classe moyenne supérieure urbaine de gauche donneuse de leçon et nombriliste[13]. Accaparée par Le Nouvel Observateur, bien qu'elle ne s'implique pas dans la vie de la rédaction, elle cesse fin 1974 de travailler pour les revues de bande dessinée, sinon pour une histoire dans Fluide glacial début 1975 et quatre récits courts de Celullite publiés dans Pilote mensuel entre 1975 et 1977—décision rendue d'autant plus facile qu'elle est bien mieux payée par son nouvel employeur[14].
Le succès des Frustrés et un désir d'autonomie la décident à se lancer dans l'auto-édition pour en publier le premier recueil en 1975[8]. Cet album (qui reçoit le prix du scénariste français du festival d'Angoulême 1976) et les quatre suivants connaissent « un succès considérable » et sont traduits en plusieurs langues[7], ce qui la conduit à auto-éditer l'ensemble de ses nouveautés durant les 30 années suivantes. Une adaptation animée est diffusée à la télévision française en 1975, tandis qu'en 1976 sa grande amie Dominique Lavanant et Josiane Balasko créent la première de nombreuses adaptations théâtrales[15]. Dès le milieu de la décennie, Bretécher est reconnue « au-delà du seul lectorat de la bande dessinée[2] ».
En 1976, elle recueille dans Le Cordon infernal une grande partie de ses planches publiées dans L'Écho des savanes, et publie en 1980 un album consacré à Sainte Thérèse d'Avila, intitulé La Vie passionnée de Thérèse d'Avila, dont la prépublication dans Le Nouvel Observateur avait choqué certains Chrétiens[16]. Ressentant une certaine lassitude de travailler au Nouvel Observateur, ainsi que le désir d'avoir un enfant, elle cesse sa collaboration hebdomadaire au début de 1981, tout en réservant à la revue la prépublication de ses histoires suivantes.
En 1982, alors que nombre de ses amies sont alors enceintes, Bretécher publie Les Mères, album consacré à la maternité. En juin de la même année, l'organisation du festival d'Angoulême demande aux premiers lauréats du Grand prix de la ville d'Angoulême d'élire un Grand Prix spécial pour co-présider la dixième édition du festival avec Paul Gillon, élu Grand Prix par le jury lors de la neuvième édition. Ceux-ci décident rapidement d'élire Claire Bretécher. Son ami Dominique Bréchoteau monte pour ce dixième festival en janvier 1983 la première exposition d'ampleur de ses dessins[17]. Quelques mois plus tard, elle continue à explorer la question de l'enfantement avec son album suivant, Le Destin de Monique, consacré aux mères porteuses. La même année, les éditions Denoël publient la première sélection de ses peintures.
C'est également en 1983 qu'elle rencontre le juriste Guy Carcassonne, de onze ans son cadet et déjà père de deux filles[18], de qui elle tombe immédiatement enceinte alors qu'elle se pensait stérile[19]. Ils élèvent ensemble leur fils Martin et les deux filles de celui-ci, Marie et Nuria, et vivent ensemble jusqu'à la mort de celui-ci en 2013[18].
En 1985 et 1986, elle publie deux volumes de Docteur Ventouse, bobologue, où elle pose un regard assez moqueur sur les milieux médicaux parisiens[17]. En 1988, elle s'attaque cette-fois au monde de l'adolescence avec Agrippine[8]. Le succès de cet album la conduit à en faire une série appréciée à la fois de la critique—le cinquième volume Agrippine et l'Ancêtre, reçoit en 1999 l'Alph-Art humour au festival d'Angoulême—et du public. En 2001, Canal+ diffuse 26 épisodes d'une adaptation en dessin animé de la série, dans laquelle Bretécher s'est peu impliquée[20]. En 2004, elle publie le huitième volume de la série.
Parallèlement à ses activités d'auteure de bande dessinée, Bretécher travaille pour la publicité, notamment pour les supermarchés Huit à 8, peint et illustre plusieurs ouvrages, comme l'Oxford French Cartoon-strip Vocabulary Builder paru en 2000.
À partir de 2006, après plus de 30 ans d'auto-édition, elle confie à Dargaud la gestion de son catalogue[21] ainsi que sa dernière bande dessinée, Agrippine déconfite, en 2009. Dargaud en profite pour publier un recueil d'inédits en 2007, des intégrales des Frustrés et d'Agrippine, ainsi qu'en décembre 2015 deux compilations de cent pages. Glénat conserve les droits sur les bandes dessinées publiées dans Record et Spirou.
Tout en ralentissant sa production, Bretécher continue à illustrer des ouvrages, dont un tarot divinatoire en 2011, avec Sabine Sikarcioglu.
En 2012, la radio France Culture diffuse des adaptions en cinq épisodes des Frustrés et d'Agrippine[22].
En mai 2013, le décès brusque de son mari alors qu'ils voyageaient à Saint-Pétersbourg la marque fortement[23].
En 2014, une deuxième saison de l'adaptation radiophonique des Frustrés est diffusée par France Culture[22].
Le Bibliothèque publique d'information du centre Georges Pompidou, à Paris, organise du au la plus grande exposition monographique consacrée jusque là à Bretécher.
Dans son enfance, Bretécher lit des revues pour filles (La Semaine de Suzette) et des hebdomadaires de bande dessinée franco-belge (Tintin, Spirou, etc.) dont elle recopie et adapte assidûment ses histoires préférées[4], celles d'Hergé notamment[24]. À Paris dans les années 1960, elle découvre des auteurs américains qui influencent sa carrière professionnelle : Le Magicien d'Id de Johnny Hart et Brant Parker est ainsi une inspiration graphique majeure pour ses séries Robin des Foies, Baratine et Molgaga et Cellulite[25], tandis que les comic strip de Jules Feiffer lui font prendre conscience qu'un style « lâché » est un bon moyen de moquer en bande dessinée les travers de ses contemporains[6],[26]. Hors de la bande dessinée, elle est également influencée par l'Anglais Ronald Searle, autre dessinateur au style très expressif[4], son premier « Dieu[27] » graphique.
Si elle subit à ses débuts des critiques quant à la qualité de son dessin, notamment de la part de René Goscinny[23], et qu'elle reconnaît elle-même avoir parfois « pillé » les auteurs qu'elle admirait durant sa période de formation[28], Bretécher affine rapidement son style, profitant du fait de travailler le plus souvent sans collaborateur pour l'adapter le mieux possible à son propos et développer dès le début des années 1970 un dessin « nerveux et efficace[8] », faussement simple qui confère à ses personnages, selon son collègue Martin Veyron, « une souplesse et une vie exemplaires[23] ». Cette « conjugaison de la simplification et de l'exagération[29] » rattache donc Bretécher à la caricature.
Agrippine est une adolescente des années quatre-vingt-dix. Cynique, teigneuse, cossarde, désabusée, peste, mais touchante à force de se chercher - en vain - une identité. Elle traîne son mal de vivre avec ses copines de classe, houspille son petit frère et drague au coup par coup des garçons qui ont du mal à la suivre. Agrippine use allègrement d'un langage aussi mystérieux qu'hilarant : "Pourquoi les gnolguis xéroxent tout leur comporte sur des gourous baveux, ça persécute à force", susurre-t-elle à sa meilleure amie, plongée [...] dans un abîme de perplexité. Pleine d'humour et de tendresse cachée, Agrippine tend un miroir gentiment déformant aux adolescentes et aux adolescents de sa génération. Bretécher retrouve la verve et la vivacité qu'elle exprimait dans sa série Les Frustrés, pour décrire les états d'âme d'une jeune femme représentative de son temps. L'humour acidulé et caustique présent tout au long des albums aidera le lecteur à passer un bon moment, en réfléchissant aux travers de notre époque. --Jean-François Courtille