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Cote | Localisation | Statut |
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R MAU | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0935324577 |
Auteur | Guy de Maupassant [auteur] |
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Titre | Boule de Suif / Guy de Maupassant ; sous la resp. de Louis Forestier. |
Mention d'édition | Nouv. éd.. |
Editeur | [Paris] : Gallimard, 2010. |
Collection | Folio ; 3297. Classique |
Description | 324 p. : couv. ill. en coul. ; 18 cm |
Langue | Français. |
Autres auteurs | Louis Forestier [éditeur scientifique] |
Support | Livre |
Dans sa plus célèbre nouvelle, Maupassant décrit le sacrifice d'une prostituée au grand cœur : elle se donne contre sa volonté à un officier allemand, pour permettre à une diligence occupée par des bourgeois de continuer son voyage. D'abord suppliée par eux, elle n'est bientôt plus que l'objet de leur mépris. La lâcheté de la classe dirigeante et le courage des humbles, la résistance et la collaboration la France de 1870 en annonçait d'autres.
Cet ouvrage ne mentionne aucune indication de date. poche.
Médias
Henry-René-Albert-Guy de Maupassant [gi d(ə) mo.pa.ˈsɑ̃] est un écrivain français né le au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques[1],[2] (Seine-Inférieure) et mort le à Paris.
Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, Guy de Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, et surtout par ses nouvelles (parfois intitulées contes) comme Boule de suif en 1880, les Contes de la bécasse (1883) ou Le Horla (1887). Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s’en dégage le plus souvent, mais aussi par la maîtrise stylistique. La carrière littéraire de Maupassant se limite à une décennie — de 1880 à 1890 — avant qu’il ne sombre peu à peu dans la folie et ne meure peu avant ses quarante-trois ans. Reconnu de son vivant, il conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations filmées de ses œuvres[3].
La famille Maupassant, venue de Lorraine, s’est installée en Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime) au milieu du XIXe siècle. Le père de Guy, Gustave de Maupassant (né Maupassant a obtenu par décision du tribunal civil de Rouen, le le droit à la particule[4]), homme volage, a épousé en 1846 Laure Le Poittevin, une demoiselle de la bonne bourgeoisie. Avec son frère Alfred, elle est l’amie de Gustave Flaubert, le fils d’un chirurgien de Rouen qui devait exercer une certaine influence sur la vie de ce dernier. Le père d'Alfred et de Laure est le parrain de Gustave Flaubert. Laure fut une femme d’une culture littéraire peu commune, aimant beaucoup les classiques, particulièrement Shakespeare. En 1854, la famille s’installe au château Blanc de Grainville-Ymauville, près du Havre. En 1856 naît Hervé, le frère cadet de Guy. En 1859, Gustave de Maupassant trouve un emploi à la banque Stolz à Paris, Guy est scolarisé au lycée impérial Napoléon (lycée Henri-IV). Séparée de son mari volage en décembre 1860, Laure s'installe avec ses deux fils à Étretat (elle survivra à ses deux fils, comme leur père).
Guy passe le reste de son enfance dans la maison « Les Verguies », une grande bâtisse du XVIIIe siècle à Étretat — que Laure sur les conseils de son frère, Alfred Le Poittevin, a acquise avant son mariage[5] — où, entre mer et campagne, il grandit dans l’amour de la nature et des sports en plein air ; il va pêcher avec les pêcheurs de la côte et parle patois avec les paysans. Il est profondément attaché à sa mère.
À treize ans, il est pensionnaire de l'Institution ecclésiastique d'Yvetot, selon le souhait de sa mère. C’est en ces lieux qu’il commence à versifier. De sa première éducation catholique, il conservera une hostilité marquée envers la religion ; il finira par se faire renvoyer. Il est alors inscrit au lycée de Rouen, où il se montre bon élève, s’adonnant à la poésie et participant beaucoup aux pièces de théâtre. À cette époque, il côtoie Louis Bouilhet et surtout Gustave Flaubert, dont il devient le disciple. En 1868 en vacances à Étretat, il sauve de la noyade le poète anglais décadent Charles Algernon Swinburne qui l'invite à dîner en remerciement pour son courage. Il voit à cette occasion une main coupée (il en tirera la nouvelle La Main d'écorché, qu'il modifie et publie en 1883 sous le titre de La Main). Bachelier des lettres en 1869, il part étudier le droit à Paris sur le conseil de sa mère et de Flaubert. La guerre qui s'annonce va contrarier ces plans.
En 1870, il s’enrôle comme volontaire lors de la guerre franco-prussienne. Affecté d’abord dans les services d’intendance puis dans l’artillerie, il participe à la retraite des armées normandes devant l’avancée allemande. Après la guerre, il paie un remplaçant pour achever à sa place son service militaire[6] et quitte la Normandie pour s'installer durablement à Paris.
À Paris, Guy de Maupassant passe dix années comme commis d’abord au ministère de la Marine[7] puis au ministère de l’Instruction publique où il est transféré en 1878 grâce à Flaubert ; il y restera jusqu'en 1882. Le soir, il travaille d'arrache-pied à ses œuvres littéraires. En février 1875, il publie son premier conte, La Main écorchée, sous le pseudonyme de Joseph Prunier, dans L'Almanach lorrain de Pont-à-Mousson et Le Bulletin Français publie le , sous la signature de Guy de Valmont son conte En canot[8]. En octobre 1876, à Catulle Mendès qui l'approche pour devenir franc-maçon, Maupassant répond : «... Je veux n'être jamais lié à aucun parti politique, quel qu'il soit, à aucune religion, à aucune secte, à aucune école ; ne jamais entrer dans aucune association professant certaines doctrines, ne m'incliner devant aucun dogme, devant aucune prime et aucun principe, et cela uniquement pour conserver le droit d'en dire du mal. »[9],[10]. Fin janvier 1877, le romancier russe Tourgueniev le rencontre et le trouve tout décati. Le diagnostic tombe : syphilis. Cette maladie — il en mourra — ne cessera d'empoisonner l'existence du jeune homme, même s'il s'en gausse alors :
— [11]
Pendant huit ans, de 1872 à 1880, sa distraction fut le canotage sur la Seine, toujours en galante compagnie, le dimanche, et pendant les vacances. Il va à Bezons, Argenteuil, Sartrouville[12], Chatou, Bougival et le plus souvent se rend à l’auberge Poulin à Bezons, à la Maison Fournaise à Chatou et à La Grenouillère, un radeau-établissement de bains située face à Croissy-sur-Seine[13],[14]. En compagnie de ses amis, « Tomahawk » (Henri Brainne), « Petit Bleu » (Léon Fontaine), « Hadji » (Albert de Joinville), et « La Tôque » (Robert Pinchon), Maupassant forme une joyeuse confrérie, et emmène en promenade des filles dociles sur la yole achetée en commun et baptisée Feuille de rose[15]. Lui se fait appeler « Maistre Joseph Prunier, canoteur ès eaux de Bezons et lieux circonvoisins »[14]. Une autre activité « physique » de Maupassant est la chasse : il ne manquera que rarement « l'ouverture », dosant la poudre de ses cartouches et sélectionnant ses chiens d'arrêt. L'activité cynégétique de l'auteur est surtout présente dans l'imaginaire des contes, et les métaphores relatives au « beau sexe » tenant le rôle de « gibier » abondent[16].
Flaubert le prend sous sa protection et devient pour lui une sorte de mentor littéraire, guidant ses débuts dans le journalisme et la littérature. Le , dans l'atelier du peintre Becker, dans le VIe arrondissement, en présence de Flaubert, d'Émile Zola, de Valtesse de La Bigne, de Suzanne Lagier - la princesse Mathilde voulait venir à tout prix, masquée... L'ermite de Croisset l'en dissuada - et d'Edmond de Goncourt, Maupassant et ses amis organisent une seconde représentation de la pièce À la feuille de rose, maison turque[17]. À la même époque, il se rend chez Mallarmé, pour ses jeudis au 87, rue de Rome dans le XVIIe. Au mois d'août de cette même année de farces et de salons, le jeune Maupassant suit une cure à Loèche dans le Valais suisse : Flaubert à cette occasion rapporte à Tourgueniev : « Aucune nouvelle des amis, sauf le jeune Guy. Il m'a écrit récemment qu'en trois jours il avait tiré dix-neuf coups ! C'est beau ! Mais j'ai peur qu'il ne finisse par s'en aller en sperme... »[18] Flaubert cependant ne craint pas de le rappeler à l'ordre, comme en témoigne cette lettre du : « Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que cela. J'arrive à vous soupçonner d'être légèrement caleux. Trop de putains ! trop de canotage ! trop d'exercice ! oui, monsieur ! Le civilisé n'a pas tant besoin de locomotion que prétendent les médecins. Vous êtes né pour faire des vers, faites-en ! “Tout le reste est vain” à commencer par vos plaisirs et votre santé ; foutez-vous cela dans la boule »[19],[20]. Chez Flaubert, outre Tourgueniev, il rencontre Émile Zola, ainsi que de nombreux écrivains appartenant aux écoles naturalistes et réalistes. Il écrit beaucoup de vers et de courtes pièces. Il commence aussi à fournir des articles à plusieurs journaux importants comme Le Figaro, Gil Blas, Le Gaulois et L'Écho de Paris, puis consacre ses loisirs à l’écriture de romans et de nouvelles. Toujours encouragé par Flaubert, le vieil ami de sa famille, il publie en 1879 son premier livre, un fascicule d’une centaine de pages, Histoire du vieux temps. Celui-ci est représenté le chez Ballande, au Troisième Théâtre Français, sous la forme d'une comédie en un acte et en vers ; c'est un honnête succès[21].
S'étant lié avec Zola, il participe en 1880 au recueil collectif des écrivains naturalistes Les Soirées de Médan avec sa première nouvelle, Boule de suif, qui remporte d'emblée un grand succès et que Flaubert qualifie de « chef d'œuvre qui restera ». Maupassant a décrit dans sa nouvelle l'Auberge du cygne à Tôtes, il y a également séjourné comme Flaubert qui y écrivit en partie Madame Bovary[22]. La même année, la disparition subite de Flaubert, le , laisse le nouvel écrivain seul face à son destin (C'est à l'auberge Poulin de Bezons que Guy de Maupassant apprend par un télégramme, la mort de son maître)[23],[24] À cette occasion, il écrit un peu plus tard : « Ces coups-là nous meurtrissent l'esprit et y laissent une souffrance continue qui demeure en toutes nos pensées. Je sens en ce moment d'une façon aiguë l'inutilité de vivre, la stérilité de tout effort, la hideuse monotonie des évènements et des choses et cet isolement moral dans lequel nous vivons tous, mais dont je souffrais moins quand je pouvais causer avec lui. »[25].
La décennie de 1880 à 1890 est la période la plus féconde de la vie de Maupassant : il publie six romans, plus de trois cents nouvelles et quelques récits de voyage. Rendu célèbre par sa première nouvelle, il travaille méthodiquement, et produit annuellement deux et parfois quatre volumes. Le sens des affaires joint à son talent lui apporte la richesse.
En mai 1881, il publie son premier volume de nouvelles sous le titre de La Maison Tellier, qui atteint en deux ans sa douzième édition. Le 6 juillet, il quitte Paris pour l'Afrique du Nord comme envoyé spécial du journal Le Gaulois, il a tout juste le temps d'écrire à sa maîtresse Gisèle d'Estoc : « Je suis parti pour le Sahara !!! [...] Ne m'en veuillez point ma belle amie de cette prompte résolution. Vous savez que je suis un vagabond et un désordonné. Dites-moi où adresser mes lettres et envoyez les vôtres à Alger poste restante. Tous mes baisers partout... »[26]. Il revient à Paris vers la mi-septembre après un bref séjour en Corse. Engagé par contrat vis-à-vis du Gaulois, Maupassant se choisit un pseudonyme : Maufrigneuse, sous lequel il se permettra ses articles les plus polémiques[27]. Maupassant termine son premier roman, qui lui aura coûté six années, en 1883 : les vingt-cinq mille exemplaires d'Une vie sont vendus en moins d’un an ; l'ouvrage, vu sa tonalité, sera un premier temps censuré dans les gares, mais l'interdiction sera vite levée[28] Léon Tolstoï en personne, dira à propos de ce roman : « C'est le plus grand chef-d'œuvre de la littérature française, après Les Misérables »[29] Avec les droits d’auteur de La Maison Tellier, Maupassant se fait construire sa maison, « La Guillette », ou « maison de Guy », à Étretat[30],[31],[32] La maison est envahie chaque été par Maupassant et ses amis. Le 27 février 1883 naît son premier enfant, Lucien, un garçon qu'il ne reconnaît pas, fils de Joséphine Litzelmann couturière modiste. Une fille naît l'année suivante, puis un troisième en 1887, non reconnus[33]. En novembre 1883, sur les recommandations de son tailleur et afin de se libérer des obligations matérielles, Guy de Maupassant embauche à son service un valet, le belge François Tassart[34],[35]. En 1884, il vit une liaison avec la comtesse Emmanuela Potocka, une mondaine riche, belle et spirituelle. (Cette comtesse italienne et polonaise était la fondatrice du diner des Macchabées ou morts d'amour pour elle. Le parfumeur Guerlain créa pour elle, le parfum Shaw's Caprice)[36],[37],[38] En octobre de la même année, il achève l'écriture de son second roman, Bel-Ami, à la « Guillette ».
Dans ses romans, Guy de Maupassant concentre toutes ses observations dispersées dans ses nouvelles. Paru en 1885, Bel-Ami connaît trente-sept tirages en quatre mois. Et si l'on ajoute à la littérature son sens bien normand des affaires, Maupassant dira en riant : « Bel-Ami c'est moi ! ». Ayant réglé les détails de la parution de Bel-Ami en feuilleton, Maupassant quitte Paris pour l'Italie, le 4 avril 1885 en compagnie de quelques amis : Paul Bourget, Henri Amic et les peintres Henri Gervex et Louis Legrand, tous ayant le point commun d'être « Macchabées » chez la comtesse Potocka. À Rome dès le 23 mai, le « Taureau normand » presse son hôte, le comte Primoli, de le conduire dans une maison close via di Tor di Nona, à proximité du palais Farnèse[39],[40] Des ouvrages marquants par le style, la description, la conception et la pénétration s’échappent de sa plume féconde. Cependant, à quoi songe t-il, ce 2 juillet, longeant avec nostalgie, les berges de la Seine à Chatou, cinq ans après la mort de Flaubert... À l'auberge Fournaise, reconnu, on lui offre un copieux déjeuner, et rassasié, l'écrivain inscrit sur un mur, sous une gueule de chien peinte : « Ami, prend garde à l'eau qui noie, / Sois prudent, reste sur le bord, / Fuis le vin qui donne l'ivresse;/ On souffre trop le lendemain./ Prend surtout garde à la caresse/ Des filles qu'on trouve en chemin... » [41],[42]. Trois ans plus tard, Maupassant écrit ce que d'aucuns considèrent comme le plus abouti de ses romans, Pierre et Jean, en 1887-1888.
Le narrateur mène une vie tranquille dans sa maison au bord de la Seine, en Normandie, lorsque d'étranges phénomènes commencent à se produire. C'est la carafe d'eau sur sa table de nuit qui est bue, des objets qui disparaissent ou se brisent, une fleur cueillie par une main invisible... Peu à peu, le narrateur acquiert la certitude qu'un être surnaturel et immatériel vit chez lui, se nourrit de ses provisions. Pire encore, cet être, qu'il baptise le Horla, a tout pouvoir sur lui, un pouvoir grandissant... S'il quitte sa maison, ce [...] pouvoir disparaît ; mais bientôt, il ne peut plus sortir de chez lui, il est prisonnier. D'où vient cet esprit ? Du Horla ou de l'homme, l'un des deux doit périr. Le Horla comme les contes fantastiques écrits par Maupassant à la fin de sa vie, alors qu'il sombrait dans la folie, joue délicieusement avec nos nerfs en traitant de thèmes très actuels comme l'angoisse, la hantise du suicide, la peur de l'invisible. --Céline Darner