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Cote | Localisation | Statut |
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R COH | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0926744577 |
Auteur | Albert Cohen [auteur] |
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Titre | Belle du Seigneur / Albert Cohen. |
Editeur | Paris : Gallimard, 1998. |
Collection | Folio ; 3039 |
Description | 1109 p. : ill. en coul. ; 18 cm |
Langue | Français. |
Centre d'intérêts | Roman adulte |
Catégorie | Roman adulte |
Support | Livre |
" Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d'être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante exceptionnelle femme aimée parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu'ils étaient [...] amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c'était cela, amoureux, et il lui murmurait qu'il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu'ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu'ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d'elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs, oui, tous les soirs ils se verraient ". Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d'une foule de comparses : ce roman n'est rien de moins que le chef-d'oeuvre de la littérature amoureuse de notre époque.
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Médias
Albert Cohen, né à Corfou, le , mort à Genève le , est un poète, écrivain et dramaturge suisse romand dont l'œuvre est fortement influencée par ses racines juives. C'était aussi un activiste politique dont l'engagement en faveur du sionisme a été profond.
Né dans l'île grecque de Corfou en 1895, Francis Albert Cohen a un père d'origine juive romaniote et une mère juive de langue italienne[1]. Son grand-père préside la communauté juive locale.
Issus d'une famille de fabricants de savon, les parents d'Albert décident d'émigrer à Marseille après un pogrom, alors qu'Albert n'a que 5 ans. Ils y fondent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera cette période dans Le Livre de ma mère. Albert Cohen commence son éducation dans un établissement privé catholique. C'est le qu'il se fait traiter de « youpin » dans la rue par un camelot de la Canebière, événement qu'il racontera dans Ô vous, frères humains. Le jeune garçon court à la gare Saint-Charles. Il s'enferme dans les toilettes, faute de pouvoir s'enfuir. Sur le mur, il écrit : « Vive les Français ! ». En 1904, il entre au lycée Thiers, et en 1909, il se lie d'amitié avec un autre élève, Marcel Pagnol. En 1913, il obtient son baccalauréat avec la mention « assez bien ».
En 1914, Albert Cohen quitte Marseille pour Genève. Il s'inscrit à la faculté de droit de la ville en octobre. Dès lors, il s'engage en faveur du sionisme mais n'ira jamais en Israël[2]. Il obtient sa licence en 1917 et s'inscrit à la faculté des lettres où il restera jusqu'en 1919. Cette année-là, il obtient la nationalité suisse (il était ottoman). Il tente sans succès de devenir avocat à Alexandrie. Il épouse cette même année Élisabeth Brocher. En 1921, naissance de sa fille Myriam. En 1924, sa femme meurt d'un cancer. En 1925, Albert prend la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Albert Einstein et Sigmund Freud. De 1926 à 1931, il occupe un poste de fonctionnaire attaché à la Division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Il trouvera dans cette expérience l'inspiration qui lui permettra de construire l'univers d'Adrien Deume et de Solal des Solal pour Belle du Seigneur. En 1931, il se marie en secondes noces avec Marianne Goss dont il divorcera.
En 1941, il propose de regrouper les personnalités politiques et intellectuelles européennes réfugiées à Londres dans un comité interallié des amis du sionisme qui aidera la cause d'un État juif, une fois la paix revenue. En effet, les dirigeants sionistes choisissent de porter tous les efforts sur le sauvetage des Juifs d'Europe quitte à sacrifier l'avenir politique. La stratégie de « propagande » de longue haleine de Cohen n'est donc plus d'actualité. De plus, avec l'entrée en guerre des États-Unis, l'Agence juive comprend que l'avenir du sionisme dépendra plus de l'Amérique que de l'Europe[3]. Cohen est alors chargé par l'Agence juive pour la Palestine d'établir des contacts avec les gouvernements en exil. Il s'irrite vite de la méfiance de ses supérieurs de l'Agence juive. Il démissionne en janvier 1944 très déçu par la cause sioniste.
Le , la mère de Cohen décède à Marseille. Cette même année il rencontre sa future troisième épouse, Bella Berkowich, En 1944, il devient conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour les réfugiés dont font partie entre autres la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Il est chargé de l'élaboration de l'accord international du portant sur le statut et la protection des réfugiés. En 1947, Cohen rentre à Genève. Il est directeur d'une des institutions spécialisées des Nations unies. En 1957, il refuse d'occuper le poste d'ambassadeur d'Israël, pour poursuivre son activité littéraire.
Dans les années 1970, Albert Cohen souffre de dépression nerveuse et manque de mourir d'anorexie en 1978. Cette mort qu'il attend à chaque instant depuis toujours, ne veut pas de lui. Il change alors radicalement de vie (à plus de 80 ans…) et va employer ses dernières années à faire ce que son grand ami Marcel Pagnol avait fait toute sa vie : la promotion de son œuvre. Sortant de l'ascèse, il publie ses Carnets 1978 et répond aux demandes d'interviews. Une interview télévisée exclusive de Bernard Pivot, réalisée depuis son domicile genevois situé 7, avenue Krieg, pour Apostrophes le propulse sur le devant de la scène littéraire. Un numéro du Magazine littéraire lui est enfin consacré.
Il publie son dernier texte dans Le Nouvel Observateur en mai 1981 en forme de dernière glorification de l'amour de sa femme pour sa personne.
Albert Cohen décède à 86 ans, le (très tôt après la publication de son texte), des complications d'une pneumonie. Il est enterré au cimetière israélite de Veyrier, près de Genève. Bella Cohen est décédée le , à 83 ans.
En 1921, il publie Paroles juives, un recueil de poèmes. Il publie ensuite un roman, Solal (1930), premier volume d'un cycle que Cohen a pensé un temps intituler « La geste des juifs », ou « Solal et les Solal ». Le roman, préfigurant en quelque sorte Belle du seigneur, raconte la jeunesse du jeune grec sur l'ile de Céphalonie, ainsi que ses premières amours. Le livre bénéficie en France d'une critique exceptionnelle. Il est traduit dans de nombreuses langues et le succès du roman devient universel : « Une œuvre stupéfiante », écrit le New York Herald Tribune ; pour le New York Times, Cohen, c'est James Joyce, Erskine Caldwell, Rabelais réunis, avec en plus la magie des Mille et Une Nuits. Les critiques anglaise, autrichienne, italienne ou helvétique s'expriment sur le même ton.
Vient ensuite Mangeclous en 1938. Aux analyses sentimentales s'ajoutent l'observation amusée de la gent S.D.N. Après seize ans de silence, Cohen publie Le Livre de ma mère en 1954, poignant portrait d'un être à la fois quotidien et parfaitement bon qu'il évoquera une nouvelle fois dans ses Carnets (1978).
1968 est l'année de consécration pour Albert Cohen qui publie son œuvre majeure: Belle du seigneur. L'œuvre reçoit le Grand Prix de l'Académie Française. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1970. Belle du Seigneur, considéré par certains dont Joseph Kessel comme un roman central de la littérature française, est un hymne éternel à la femme, objet de fascination et de désespoir pour l'auteur. La leçon de séduction de Solal, donnée à Ariane au Chapitre XXXV, détruit plus vite et brutalement encore que Les Liaisons dangereuses l'espoir d'un amour qui ne serait pas basé sur une stratégie guerrière. Le livre est un succès public.
Sont parus en volume du vivant de Cohen les ouvrages suivants :
Et de manière posthume, les recueils suivants :
Condamné à mort, Meursault. Sur une plage algérienne, il a tué un Arabe. À cause du soleil, dira-t-il, parce qu'il faisait chaud. On n'en tirera rien d'autre. Rien ne le fera plus réagir : ni l'annonce de sa condamnation, ni la mort de sa mère, ni les paroles du prêtre avant la fin. Comme si, sur cette plage, il avait soudain eu la révélation de l'universelle équivalence du tout et du rien. La conscience de n'être sur la terre qu'en sursis, d'une mort qui, quoi qu'il arrive, arrivera, sans espoir de salut. Et comment être autre [...] chose qu'indifférent à tout après ça ? Étranger sur la terre, étranger à lui-même, Meursault le bien nommé pose les questions qui deviendront un leitmotiv dans l'oeuvre de Camus. De La Peste à La Chute, mais aussi dans ses pièces et dans ses essais, celui qui allait devenir Prix Nobel de littérature en 1957 ne cessera de s'interroger sur le sens de l'existence. Sa mort violente en 1960 contribua quelque peu à rendre mythique ce maître à penser de toute une génération. --Karla Manuele
Albert Camus Caligula suivi de Le malentendu Folio --Avec Le Malentendu et Caligula, Albert Camus fait appel à la technique du théâtre pour préciser une pensée dont L'Étranger et Le Mythe de Sisyphe - sous les aspects du roman et de l'essai - avaient marqué les points de départ. Est-ce à dire que l'on doive considérer le théâtre d'Albert Camus comme un «théâtre philosophique»? Non - si l'on veut continuer à désigner ainsi cette forme périmée de l'art dramatique où l'action s'alanguissait sous le poids des théories. Rien [...] n'est moins «pièce à thèse» que Le Malentendu, qui, se plaçant seulement sur le plan tragique, répugne à toute théorie. Rien n'est plus «dramatique» que Caligula, qui semble n'emprunter ses prestiges qu'à l'histoire. Mais la pensée est en même temps action et, à cet égard, ces pièces forment un théâtre de l'impossible. Grâce à une situation (Le Malentendu) ou un personnage (Caligula) impossible, elles tentent de donner vie aux conflits apparemment insolubles que toute pensée active doit d'abord traverser avant de parvenir aux seules solutions valables. Ce théâtre laisse entendre par exemple que chacun porte en lui une part d'illusions et de malentendu qui est destinée à être tuée. Simplement, ce sacrifice libère peut-être une autre part de l'individu, la meilleure, qui est celle de la révolte et de la liberté. Mais de quelle liberté s'agit-il? Caligula, obsédé d'impossible, tente d'exercer une certaine liberté dont il est dit simplement pour finir «qu'elle n'est pas la bonne». C'est pourquoi l'univers se dépeuple autour de lui et la scène se vide jusqu'à ce qu'il meure lui-même. On ne peut pas être libre contre les autres hommes. Mais comment peut-on être libre? Cela n'est pas encore dit.